Accueil des Ukrainiens, encore un effort !

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La situation

Chaque jour des images déchirantes et des récits effroyables nous parviennent d’Ukraine. Près de 13 millions d’Ukrainiens ont quitté leur région : 7,7 millions se sont déplacés à l’intérieur de leur pays et 5 millions ont quitté leur pays. La plupart des Ukrainiens préfèrent rester dans les pays limitrophes, dans l’espoir d’une fin prochaine du conflit et ces derniers jours, le flux de sortie s’est tari. Pour autant, 46 000 Ukrainiens ont déjà gagné la France et il est prévu d’en accueillir entre 100 000 et 200 000. La France s’est également engagée à accueillir 2 500 réfugiés ukrainiens ayant trouvé refuge en Moldavie, les premiers ont d’ailleurs atterri à Bordeaux, le 21 avril dernier. Il s’agit essentiellement de mères avec enfants. La durée de leur séjour est prévue pour plusieurs mois, voire, davantage. On compte également des personnes âgées et des mineurs isolés.

 

Le dispositif mis en place

Les Ukrainiens sont les premiers à bénéficier de la directive européenne de 2001 qui leur permet d’obtenir la protection temporaire européenne. Ce statut est équivalent à celui de réfugié. Il ouvre notamment droit à l’aide personnalisée au logement et à l’allocation pour demandeur d’asile. Le gouvernement a également mis en ligne un livret d’accueil bilingue, en français et en ukrainien, pour répondre à toutes les questions que les réfugiés ukrainiens peuvent se poser à leur arrivée sur le sol français.

Trois niveaux d’accueil ont été mis en place : les « hub », situés dans les grandes métropoles, les Ukrainiens peuvent y rester 2 à 3 jours pour faire le point sur leur santé et leur statut ; ensuite des hébergements sont proposés pour des séjours de l’ordre de 3 mois : il peut s’agir d’hôtels, de villages de vacances, de campings ou encore de bâtiments intercalaires ; enfin, des « solutions semi-durables » avec l’hébergement citoyen ou encore l’intermédiation locative. A terme, c’est vers 100 000 places semi-durables qu’il faut aller a insisté Emmanuelle Wargon, le 1er avril dernier. Ces solutions doivent être bon marché. Il est question de logements gratuits (résidences secondaires, logements communaux), ou dont le montant de loyer est quasi égal à l’APL. Pour éviter la concurrence entre les publics, c’est le parc de logements structurellement vacant qui est ciblé. Par ailleurs, afin d’orienter les Ukrainiens vers des zones détendues, une carte précisant le nombre d’Ukrainiens à accueillir par région a été établie.

 

SOLIHA et les réseaux associatifs fortement mobilisés

Mais c’est au niveau local que les actions sont mises en place. Cela exige une forte coordination des acteurs :  État, élus locaux, opérateurs associatifs, acteurs de l’hébergement et du logement. Par exemple, en Bretagne, l’Agence immobilière sociale SOILHA accompagne 18 familles à Saint-Malo et ses alentours. Il s’agit surtout de mères de famille isolées ou de grands-parents avec leur fille et leurs petits-enfants, voire de familles entière (jusqu’à 15 personnes pour une famille). Les réfugiés sont soulagés d’avoir un logement autonome, après le périple qui les a amenés en France et le passage par les centres d’hébergement collectif. Pour apporter une réponse globale à leurs besoins, de nombreuses associations se sont mobilisées, les secours populaire et catholique, les restos du cœur, la croix rouge, les CCAS, etc. Il a fallu faire les courses dans les grandes surfaces pour l’alimentation et les produits d’hygiène, meubler et équiper entièrement les logements, permettre aux occupants de disposer des équipements nécessaires (poussettes, lits bébé, jouets, etc.).

Des moyens notoirement insuffisants

Pour autant, soyons clairs, les réponses apportées aujourd’hui, correspondent à un accueil limité d’Ukrainiens aussi bien en termes quantitatifs que qualitatifs. Que le flux s’intensifie et le dispositif actuel ne sera pas suffisant. Il faudra des leviers autrement plus puissants, notamment au niveau financier. De fait, l’État ne mobilise que 2 200 € par personne et par an pour l’accompagnement des ménages dans le cadre de l’intermédiation locative et seulement 2 000 € à 2 800 € par an pour l’accompagnement d’une famille hébergée. Cela est notoirement insuffisant. Il faut en effet financer la captation de logements, la gestion locative adaptée, les loyers et les charges locatives, l’ameublement des logements, l’accompagnement des familles, leur accès aux droits et à la santé, la scolarisation des enfants, l’apprentissage de la langue.

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