Action cœur de ville, Nevers dans les starting block

Nevers a été la première ville à poser sa candidature au programme Action cœur de ville. Elle devrait être prête à signer sa convention avant l’été grâce aux différents diagnostics et actions engagés depuis 4 ans pour redynamiser son centre-ville.

 

Redonner vie aux centres villes délaissés

Le Programme « Action cœur de ville » a été présenté fin Mars 2018 par Jacques Mézart, ministre de la Cohésion des territoires. Il permettra aux 222 villes sélectionnées d’engager des actions de revitalisation de leur centre-ville en mobilisant des moyens financiers conséquents – plus de 5 milliards d’euros – sur une durée de 5 ans. A ces financements, qui associent Caisse des dépôts, Action logement et Anah, d’autres ressources complémentaires pourraient être trouvées auprès d’acteurs publics ou privés.

5 axes de travail ont été retenus dans le cadre de ce programme : la réhabilitation et la restructuration de l’habitat, le développement économique et commercial, l’accessibilité et la mobilité, la mise en valeur de l’espace public et du patrimoine et l’accès aux équipements et aux services publics.

Plusieurs villes sélectionnées ont déjà engagé leur phase de préparation. Celle-ci consiste à identifier les actions à mettre en œuvre et les acteurs impliqués, avant la rédaction de leur convention-cadre pluriannuelle et sa validation par un comité de projet. Après signature des conventions financières avec les différents partenaires régionaux, les actions pourront être déployées sur le territoire avant fin  2018 pour les premières.

Nevers a été la première ville à poser sa candidature à Action cœur de ville et elle sera probablement aussi une des toutes premières à signer sa convention. Elle devrait ainsi lancer très rapidement des projets concrets sur plusieurs volets grâce aux actions qui ont été conduites par la Ville et l’Agglomération ces dernières années.

 

« Mettre la Ville en dynamique »

Avec plus de 34 000 habitants en 2015, Nevers est la 3ème ville de Bourgogne en poids démographique. Elle s’inscrit dans une agglomération réunissant 13 communes et plus de 70  000 habitants. Elle connaît depuis le début des années 1990, une perte d’attractivité qui se traduit notamment par une érosion démographique, notamment de son centre-ville, et un taux de vacance (habitat et commerces) de 20%. Et pourtant, « Nevers a de nombreux atouts et potentialités mais elle a perdu du temps, par le passé, avant de les mobiliser » regrette Joël Fournié, Directeur général des services de la ville de Nevers en charge du dossier Action cœur de ville.

Pour enrayer cette perte démographique, qui concerne principalement les populations jeunes, et la perte d’attractivité économique de son tissu industriel historique, l’Agglomération de Nevers a notamment misé sur les secteurs de l’innovation, dont le numérique avec son incubateur Inkub. Couplée à une politique volontariste de la Ville sur les commerces et les quartiers d’habitat social et privé notamment en centre-ville, cette stratégie commence à porter ses fruits.

En effet, depuis 4 ans, plusieurs problématiques ont été attaquées de front :  le levier commercial, le développement économique, l’amélioration du logement et du cadre de vie, la préservation du patrimoine et de l’environnement, l’accessibilité, le stationnement et la place du véhicule, le numérique, l’enseignement supérieur, le développement touristique… le tout à plusieurs échelles : le centre-ville, la ville, l’agglomération, la région, voire l’Europe et l’international pour certaines problématiques !

L’idée est de mettre « la ville en dynamique » précise M. Fournié.  Et « nous n’avons pas attendu Action cœur de ville pour y travailler ». C’est là un des atouts de la démarche de Nevers.  Comme le précise l’instruction Action cœur de ville, pour pouvoir bénéficier de ce programme, les villes candidates devront réunir « les conditions nécessaires à la concrétisation rapide des projets en termes de portage institutionnel, de capacité technique et de définition préalable des projets à conduire ».

Plusieurs axes de travail, déjà bien avancés, devraient ainsi pouvoir être intégrés au Plan cœur de ville. Pour M. Fournié, les différents diagnostics thématiques déjà réalisés vont contribuer à « la mise en valeur d’actions sectorielles et au travail sur l’opérationnalité de façon plus intégrée ». La mise en synergie, dans ce cadre, des différents dispositifs impulsés pour redynamiser le territoire va permettre de donner plus de cohérence à l’action sur le territoire.

Celle menée conjointement sur l’habitat, le commerce et le cadre de vie donne déjà des résultats sur lesquels le Plan cœur de ville peut s’appuyer. Ainsi, l’OPAH-RU, démarrée en 2015 et animée par SOLIHA, et la convention Villes du futur signée en 2017 avec la CDC sont deux leviers importants. Pour Marjorie Hoehn, Chargée d’études et d’opération à SOLIHA Nièvre (ex-CDHU), « depuis la mise en place de l’Opah-Ru, une dynamique de réhabilitation s’est installée progressivement. Grâce aux aides mobilisées pour les propriétaires privés, des logements jusqu’alors vacants et dégradés voire insalubres sont remis sur le marché ». D’une part, certains ménages souhaitent s’installer dans le centre-ville afin de bénéficier des services et commerces. D’autre, part, les propriétaires qui n’avaient jusqu’alors pas les moyens de réhabiliter leurs biens saisissent l’opportunité de ce programme d’aides pour engager des travaux et les remettre en location.

La politique urbaine de la Ville repose aussi sur la lutte contre l’habitat insalubre. Pour cela, les îlots les plus dégradés, identifiés comme problématiques et pour lesquels les aides incitatives ne sont pas suffisantes, font l’objet de diagnostics et d’actions coercitifs. Celles-ci ont été mises en place dans le cadre du volet RHI-THIR/ORI pour agir sur le renouvellement d’îlots. Par ailleurs, des travaux d’aménagement des espaces publics sont conduits et le levier commercial est actionné à travers la mobilisation du Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce (FISAC).

Lucie Laburthe, Directrice du développement territoriale à l’Agglomération de Nevers, souligne que l’ensemble de ces actions contribue déjà au changement d’image du centre-ville. La ville compte sur le Plan cœur de ville, notamment l’aide de l’Anah, pour renforcer cette impulsion. Plusieurs projets sont déjà identifiés, tels le recyclage de certains îlots en hyper-centre, les opérations de curetage et de réhabilitation in situ, la mobilisation du foncier sur le centre-ville pour développer une nouvelle offre de logements…

Si le tour de table ne réunit aujourd’hui que les partenaires politiques, Mme Laburthe rappelle que les partenaires opérationnels auront toute leur place dans la mise en œuvre du Plan cœur de ville de Nevers. Elle se félicite de la présence sur le territoire d’un acteur de terrain comme SOLIHA qui dispose « d’une connaissance fine du territoire » et est en capacité de produire « des diagnostics précis ». Par ailleurs, ses « compétences d’aménageur et de planificateur » pourraient utilement être mobilisées notamment pour contribuer à « définir une offre de logements séduisante, différente de la maison individuelle en périphérie, pour de nouvelles catégories de population » que la Ville souhaite faire (re)venir en centre-ville.

 

« Cœur de Ville un dispositif souple, novateur et intelligent »

Pour M. Fournié, « le dispositif Action cœur de ville semble assez souple ce qui fait à la fois son intérêt et sa complexité ». D’abord, la notion de centre-ville est élargie à des périmètres d’action plus larges. « Par cœur de ville on entend bien souvent le centre des villes moyennes. Or, les projets de redynamisation vont bien au-delà pour intégrer, en fonction des problématiques, la ville elle-même ou d’autres communes de l’agglomération ». Cette souplesse permet aussi de tenir compte des enjeux qui sont spécifiques à chaque ville.

Ensuite, la production de diagnostic partagé n’empêchera pas le démarrage des actions. Aussi, « si la phase de diagnostics permet de continuer à écrire le projet, celui-ci peut aussi avancer sur le plan opérationnel » souligne M. Fournié. Ce type de montage permettra « de tester la faisabilité économique et l’intervention des partenaires nationaux ». Et en fonction des résultats et de l’avancement des diagnostics, Action cœur de ville intégrera des avenants au fur et à mesure de la maturité des projets, pour les ajuster.

Enfin, ce plan offre aux collectivités la possibilité de mobiliser de l’ingénierie grâce au cofinancement d’un poste de directeur.trice de projet qui, souligne M. Fournié, est « une vraie ressource supplémentaire en interne ». La procédure de recrutement est déjà lancée à Nevers !

En termes de calendrier, la ville espère signer sa convention Action cœur de ville avant l’été ce qui lui permettra de lancer très rapidement ses premières actions. Dans cette lancée, à l’automne, Nevers devrait organiser le 1er salon des villes moyennes. Et grâce à ses partenariats internationaux, qui associent élus, société civile et entrepreneurs, l’agglomération espère bénéficier d’une dynamique des villes moyennes qui ira bien au-delà du territoire national.

Contact : Marjorie Hoehn, Chargée d’opérations et d’études habitat, SOLIHA Nièvre – marjorie.hoehn@cdhu.fr

 

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