Plan de rénovation énergétique des bâtiments : un effort insuffisant

Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, ont présenté jeudi 26 avril le plan de rénovation énergétique des bâtiments. Une stratégie globale pour répondre au défi de la neutralité carbone et améliorer le pouvoir d’achat des Français, le plan propose des outils adaptés à tous et à toutes les situations, pour les logements comme les bâtiments tertiaires, notamment publics.

Ci-dessous le communiqué de presse de l’initiative Rénovons dont la Fédération SOLIHA est membre :

Communiqué de presse

Annoncé comme la mise en œuvre des promesses faites en 2017 par le Président et le gouvernement, le plan de rénovation énergétique des bâtiments présenté ce jeudi 26 avril à Angers reste insuffisamment ambitieux pour prétendre rénover les logements « passoires énergétiques » à l’horizon 2025, comme le prévoit la loi pour la Transition Énergétique et la Croissance Verte, et faire reculer la précarité énergétique.

Une double tutelle ministérielle paralysante.

Nicolas Hulot Ministre de la transition écologique et solidaire a présenté le Plan de rénovation énergétique des bâtiments, sans le Ministre de la Cohésion des Territoires Jacques Mézard, aux côtés de qui il avait lancé la concertation sur le plan le 24 novembre 2017. Il aurait été logique pourtant, au vu du contenu du plan, qui propose un réel effort pour l’Anah et le programme Habiter Mieux que le Ministre de tutelle de l’Agence en fasse la promotion.

Dès février 2017, l’Initiative Rénovons demandait que la politique de rénovation énergétique soit du ressort d’un seul ministère ou à défaut la nomination d’un-e délégué-e interministériel-le expérimenté-e pour trancher les éternelles divergences de vues entre les ministères qui amènent aujourd’hui à la reproduction d’une situation insatisfaisante pour tous les acteurs.

Pour Christophe Robert délégué général de la Fondation Abbé Pierre “L’ambition affichée par le président candidat concernant l’éradication des passoires thermiques s’est évaporée durant l’année écoulée. Le plan est très insuffisant au regard de la situation de précarité énergétique que vivent de nombreux ménages, nous n’y voyons pas d’engagement politique fort, ni la mise en synergie des moyens indispensables à la rénovation énergétique des logements. “

Où sont les moyens en plus ?

Nicolas Hulot annonçait avec ce plan le 24 novembre des moyens inédits aux Français pour rénover leurs logements avec une attention particulière pour les ménages modestes ». Si des moyens sont pérennisés notamment pour le programme Habiter Mieux le plan ne prévoit en réalité aucun financement supplémentaire d’envergure.

Le volume des aides et facilitation de financement est d’environ 15 milliards d’euros sur cinq pour le logement privé. Ce volume étant le même que lors du quinquennat précédent des résultats similaires sont d’ores et déjà prévisibles.

Pour Morgane Créach directrice du Réseau Action Climat « la rénovation énergétique est un levier incontournable dans la lutte contre le changement climatique. Au-delà de l’impératif de justice sociale, le plan doit permettre une hausse du nombre de rénovations performantes pour reprendre le contrôle d’émissions de gaz à effet de serre dans ce secteur qui dérape actuellement. »

Quelle priorité pour les ménages précaires ?

« Notre priorité est de protéger les plus fragiles face au froid. Il nous faut promouvoir une rénovation énergétique abordable pour tous » déclarait le même jour Jacques Mézard. L’objectif de rénovation de 150 000 logements privés par an occupés par des propriétaires modestes est bon, mais le plan en l’état ne permettra pas de l’atteindre. Si le programme Habiter Mieux de l’ANAH atteint 75 000 rénovations par an, comme cela est annoncé, comment se déclencheront les 75 000 autres chantiers qui visent le même public ?

Quant à l’audit gratuit, promis pendant la campagne électorale pour permettre d’engager un parcours de rénovation, il a simplement disparu, pour des motifs de coûts jugés immédiatement excessifs, balayant les multiples bénéfices et économies de long terme générées par l’investissement public dans la rénovation des passoires énergétique.

Pour G. Vermot-Desroches directeur Développement Durable et Délégué Général de la Fondation Schneider Electric « les ménages modestes doivent bénéficier de rénovations énergétiques de la meilleure qualité possible. C’est en assurant une rénovation répondant aux enjeux de consommation d’énergie, de santé et de sécurité électrique qu’ils verront leurs conditions de vie se transformer ».

Les familles en précarité énergétique n’y arriveront pas seules…

Peu de choses sont dites sur les programmes de repérage et d’accompagnement, de leur pérennité et de leur développement à la hauteur des besoins. Or, les plus précaires n’engageront ce parcours que s’ils sont accompagnés avant, pendant et après les travaux.

Aujourd’hui il est fort à craindre que ces programmes connaîtront un stop and go ravageur pour les acteurs engagés, qu’ils n’existeront plus au premier janvier 2019 et ne puissent être relancés sous d’autres formes avant au mieux le début de l’année 2020. Deux années dramatiquement perdues pour ces familles.

Pour F. Utzmann président d’EFFY : Engager les ménages dans un parcours de rénovation par la proposition de gestes simples et aisés à mobiliser est une des conditions de la massification des rénovations. Ces travaux doivent être de qualité et les étapes programmées et suivies en utilisant notamment les outils numériques”

Des solutions lointaines pour les locataires, principales victimes de la précarité énergétique

Les locataires du parc privé, principales victimes de la précarité énergétique, sont les grands oubliés de ce plan : il manque encore et toujours un critère de performance énergétique clair et mesurable autorisant la location d’un logement. Et cela ne sera pas le cas avant plusieurs années.

Pour Sandrine Buresi, coprésidente du CLER – Réseau pour la transition énergétique : « les propriétaires qui louent des passoires énergétiques doivent savoir que cela a des conséquences dramatiques sur la santé et la situation économique des familles. Le gouvernement doit indiquer clairement à quel moment on ne pourra plus en France louer ce type de logement »

12 millions de personnes touchées par la précarité énergétique, 7.4 millions de passoires thermiques : toujours mobilisée, l’Initiative Rénovons restera très attentive et impliquée dans le suivi et l’amélioration des solutions proposées dans le Plan de rénovation énergétique par le gouvernement, afin que réellement aucun ménage ne soit laissé sur le bord de la route de l’amélioration impérative des conditions de vie des familles dans leur logement !

Contact presse : Danyel Dubreuil – Initiative Rénovons danyel.dubreuil@renovons.org
06 72 62 67 24
@renovons http://renovons.org/

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